Alors que la filière textile est au cœur des enjeux environnementaux, une initiative autrichienne vient de franchir une étape majeure. Un consortium d’acteurs — SALESIANER, Austrian Airlines, ÖBB, Wiener Linien, Austrian Post et CAT — s’est uni pour lancer un projet pilote ambitieux : recycler les vêtements professionnels usagés et les retransformer en ressources textiles. Une démarche pionnière accompagnée par le cabinet EY denkstatt en tant que conseiller indépendant en développement durable, qui illustre de manière concrète ce que peut être une économie circulaire réellement opérationnelle.

Un cycle complet : du vêtement usagé à la fibre régénérée
Au cœur de cette initiative baptisée « Pionniers du recyclage des uniformes », un principe simple mais encore rarement mis en pratique à grande échelle : considérer l’uniforme en fin de vie non comme un déchet, mais comme une matière première. Le projet repose sur un processus structuré :
- Collecte des vêtements en fin d’usage ;
- Tri et préparation par TURNS, spécialiste du textile ;
- Recyclage mécanique pour récupérer les fibres ;
- Valorisation sous forme de nouveaux fils ou de matières techniques.
Dès la phase pilote, les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 50 tonnes de textiles évitées chaque année, soit environ 170 000 chemises qui ne finiront pas incinérées.
SALESIANER, acteur clé du linge professionnel en Europe centrale, joue ici un rôle structurant. L’entreprise démontre qu’un prestataire textile peut activement contribuer à une gestion durable du cycle de vie des vêtements.
Des partenaires convaincus
Les déclarations des partenaires soulignent toutes l’importance de cette démarche. Mathias Nell, responsable durabilité chez SALESIANER, résume l’esprit du projet : « Cette initiative commune démontre le potentiel de pratiques d’économie circulaire appliquées de manière cohérente. Le recyclage des vêtements de travail ne réduit pas seulement les déchets, il crée également une valeur écologique et sociale sur l’ensemble de la chaîne de valeur. »
Pour les entreprises impliquées, la démarche est aussi culturelle que technique. Ainsi, du côté de l’Austrian Post, la responsable textile Sabine Krispel insiste sur le rôle des équipes dans la réussite de cette circularité : « Nous avons mis en place des incitations pour encourager le retour systématique des uniformes usagés. Cela permet à chacun de contribuer activement à un modèle textile plus durable. » CAT, autre partenaire du projet, rappelle quant à lui que la circularité n’est plus un horizon lointain mais une réalité concrète : « Le recyclage des uniformes fonctionne déjà aujourd’hui. Le potentiel des vêtements usagés est réel. »
Ces propos illustrent une conviction partagée : seule une coopération intersectorielle permet de franchir un cap décisif vers la circularité.
Une reconnaissance publique : le prix “Sustainable Shapers 2025”
Le projet a reçu le prix « Sustainable Shapers / Nachhaltige Gestalter*innen » décerné par BUSINESSART en 2025. Une distinction qui souligne à la fois la pertinence écologique du modèle, la solidité de la coopération entre entreprises et la dimension pionnière du cycle textile mis en place.
Cette reconnaissance donne au projet une portée qui dépasse les frontières autrichiennes. Elle montre qu’une circularité textile crédible est possible dès aujourd’hui, même avec des volumes importants, dans des secteurs aussi exigeants que le transport aérien, ferroviaire ou postal.


Un signal fort pour la filière textile
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où les réglementations européennes sur les déchets textiles se renforcent et où les attentes sociétales en matière de durabilité sont croissantes.
Pour le secteur de la blanchisserie industrielle, elle ouvre plusieurs perspectives :
- Nouveaux partenariats entre opérateurs, marques et recycleurs ;
- Optimisation du cycle de vie des uniformes ;
- Valorisation matière permettant de réduire les coûts et l’impact carbone ;
- Rôle accru des prestataires textiles dans la structuration d’écosystèmes circulaires.
Elle démontre aussi que les uniformes — traditionnellement difficiles à recycler — peuvent entrer dans un modèle textile circulaire réellement viable.
Un modèle inspirant pour l’Europe entière
Avec ce projet, SALESIANER et ses partenaires montrent la voie. Une voie dans laquelle le vêtement professionnel n’est plus une fin en soi, mais une ressource circulaire qui peut se régénérer.
La démarche prouve que l’économie circulaire n’est pas qu’un concept théorique : elle peut déjà transformer profondément la filière textile professionnelle. Et pour les acteurs de la blanchisserie, habitués à raisonner en cycles, en flux, en durabilité, ce projet représente un signal fort — peut-être même un avant-goût de l’avenir du textile en Europe.












